Le bonheur de Léa semble aussi certain que l'est sa beauté. Emmitouflée dans la chaleur de cet été finissant, dans l'amour des siens et les révérences de ses prétendants, jouissant sans retenue de cette campagne bordelaise et du domaine de Montillac dont son pčre est le propriétaire, elle mčne une vie radieuse qui s'annonce pleine de promesses. Habillée en robe légčre, oisive, elle s'enivre de cette nature odorante avec cette langueur que confčre l'insouciance, pręte ā succomber aux jeux de l'amour. Et rien ne semble exister sur cette terre qui puisse faire vaciller cet équilibre parfait. Rien si ce n'est que nous sommes en août 1939, que la France bascule dans le second conflit mondial et que l'harmonie cčde bientôt la place au chaos. C'est alors, pour Léa, un plongeon dans une réalité qui va la pousser ā choisir: se battre ou mourir.
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Août touchait ā sa fin. Léa, la deuxičme fille de Pierre Delmas, qui venait d'avoir dix-sept ans, les yeux mi-clos, assise sur la pierre encore chaude du petit mur de la terrasse de Montillac, tournée vers la plaine d'oų montait certains jours l'odeur marine des pins, balanįait ses jambes nues et bronzées, aux pieds chaussés de bazardaises rayées.